Le début de cette nouvelle année 2020 aura sans aucun doute été marqué par la sortie du livre polémique Consentement de Vanessa Springora. Cet ouvrage s’attarde sur les relations avec des mineurs que l’écrivain Gabriel Matzneff, ne s’est jamais caché d’entretenir. Cette affaire de pédophilie posant de sérieuses et larges questions qui ne sauraient se limiter à la sexualité, nous avons décidé de prendre le recul nécessaire afin d’analyser en profondeur les enjeux liés à une telle affaire.
C’était en 1990, l’écrivain Gabriel Matzneff, alors invité de l’émission « Apostrophes » de Bernard Pivot, affirmait en direct avoir une attirance envers les adolescentes. Il évoquait alors plus précisément «préférer avoir dans [sa] vie des gens qui ne sont pas encore durcis, qui sont plus gentils».
L’émergence ces dernières années des mouvements de lutte contre le harcèlement sexuel, impulsée par MeToo, a facilité la prise de paroles sur ces sujets jusque-là jugés tabous. En effet, gardons en tête que les faits reprochés à l’écrivain datent d’il y a au moins 30 ans. 30 ans où les victimes potentielles ne se sont exprimées par peur, ou bien étant victimes de pression. Dans un autre registre, ce contexte rappelle la crise récente vécue au sein de l’Eglise catholique, liée aux abus sexuels.
Les révélations qui se sont multipliées ces dernières années, touchent, au delà de la littérature, la religion, ou bien encore le cinéma, l’ensemble de la société et de ses arts. Les mois suivants, une condamnation quasi-unanime s’est opérée qui a permis à certaines associations et groupuscules de gagner en influence. C’est dès lors que s’est posée, dans le domaine des arts, la question de la séparation ou non, entre un artiste et son oeuvre.
En littérature cela s’est donc traduit traduit par l’affaire Matzneff. Au cinéma le cas le plus récent concerne Roman Polanski. Mais ces condamnations ne se limitent pas seulement aux personnalités et artistes toujours en vie, non. C’est ainsi par exemple que nous pouvons relever le cas de Michael Jackson pour la sphère musicale. En peinture, un appel au boycott a même été lancé afin de retirer Gauguin des musées. Se dessinent alors des différences entre une soif de justice légitime et un acharnement dénué de sens.
Si l’on s’en contenait à un tel raisonnement, de qui étudierions-nous les textes, devant quelles peintures nous émerveillerions-nous, et enfin devant quels films nous passionnerions-nous ? L’essence même de l’art ne puise-t-elle pas ses racines dans la folie des Hommes ? La création ne doit cependant pas se faire au détriment de l’impunité.
N.R