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La drogue en littérature

Les drogues récréatives sont, aujourd’hui tellement omniprésentes que l’État commence à se pencher sur leur cas ; 3750 euros et 1 an d’emprisonnement sont aimablement donnés à celui qui se laisserait tenter. Pourtant, cela n’empêche pas le trafic : la France est le pays le plus autoritaire en Europe en matière de stupéfiants… Ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être la plus grande consommatrice de cannabis. La drogue est donc sujet sensible de nos jours et pourtant, certains se tueraient pour obtenir un brin d’hachich… comme Baudelaire. Et oui, les artistes consommaient et consomment aussi mille et une drogues… mais à quel prix ? La drogue, derrière sa dangerosité à laquelle nous sommes tant avertis, peut-elle nous amener à devenir des Rimbaud 2.0 ?

 

Un peu d’histoire ne nous fera pas grand mal. Jacques-Joseph Moreau, psychiatre, est l’un des premiers médecins à avoir analysé le haschich (dérivé de la chanvre indienne aka le cannabis). Afin de tester son produit, il a dû faire appel à des cobayes et créa rapidement  « le club des Haschichiens » en 1844. Il remarqua vite les effets de différentes drogues sur ses cobayes: hallucinations, sommeil profond, fou rire, détente… La sphère artistique s’intéresse alors aux nouveaux produits: Baudelaire, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Delacroix se joignent à la fête. Très vite, ce qu’on appelle communément la drogue, commence à se répandre dans la littérature. Certains n’aiment pas beaucoup l’idée de la mélanger à la littérature comme Gautier selon qui « le vrai littéraire n’a besoin que de ses rêves naturels », alors que d’autres s’y prennent a cœur joie comme Baudelaire qui ne cachait pas sa passion pour l’alcool ; «Le vin est semblable à l’homme […] Ne soyons donc pas plus cruels envers lui qu’envers nous-mêmes, et traitons-le comme notre égal ».

 

Baudelaire, déterminé, se décide à écrire un essai :  Les Paradis Artificiels.  Ce-dernier comporte deux parties : le poème du haschich, mettant en scène son expérience dans le club des Haschichiens, et un commentaire sur le livre de Thomas de Quincey  Confessions d’un mangeur d’opium anglais. Cet essai a alors pour but de poser la question du lien entre la drogue et le poète, bien qu’il soit finalement d’accord avec son ami Gautier ; pas besoin de drogue pour trouver de l’inspiration : « Le haschich est une arme pour le suicide ». Il présente également une réflexion philosophique : l’Homme est toujours à la recherche de l’idéal, de « ce goût de l’infini » comme il l’écrit si bien. 

Comme Baudelaire consommait de la drogue régulièrement (c’était bien sûr qu’une de ses multiples raisons), il incarnait une part du mythe des poètes maudits : « Il rejette la société dans laquelle il vit et se conduit de manière décadente, dangereuse (consommation d’alcool et de drogues) voire autodestructrice. ». Ces poètes étaient malheureux, avaient des vies dures et sans pitié, on comprend alors cette attirance pour les drogues et cette volonté de s’échapper d’une réalité que l’on ne veut pas accepter, car comme le dit Balzac : « Le Malheur fait le poète ».

 

Partons maintenant vers d’autres horizons, William Burroughs est un écrivain américain du XXème siècle mais également un ancien toxicomane qui a failli perdre la vie à cause des stupéfiants. Il est connu pour avoir décrit son passée avec Le Festin Nu publié a Paris en 1959, étant donnée que toutes les éditions américaines ne l’acceptaient pas, trouvant son livre « trop trash ». Il aura même 4 années plus tard un procès pour obscénité. En lisant la 4eme page de couverture, nous comprenons mieux pourquoi : « Le festin nu est une descente aux enfers de la drogue». Pourtant, ce procès lui a fait gagner en visibilité et a fait parti du Beat Generation, un mouvement artistique des années 1950 regroupant au début seulement un cercle d’ami : William Burroughs, Alain Ginsberg et Jack Kerouac. On l’appelle le « Beat Generation » car ce mouvement a segmenté l’Amérique en amenant l’idée de la liberté sexuelle, de l’homosexualité et de la liberté de manière générale. Le résultat est au rendez-vous : cela a inspiré les hippies, a apporté l’opposition a la guerre du Vietnam et surtout a libéré l’esprit des éditeurs américains en s’opposant à la tyrannie de la bien-pensance.

Nous observons aussi le cas de Charles Bukowski qui a contribué à s’opposer à cette censure en publiant des livres d’un style trash, très vulgaire mais réaliste de la misère en Amérique. Il s’y connaît bien puisque il a lui même vécu dans cette misère.

 

Bien que certains parlent de la drogue pour l’expérience ou pour parler de leur vie antérieure, d’autres ont prit cependant beaucoup trop au sérieux la citation de Rousseau : « on est ce que l’on mange ». Certaines drogues peuvent modifier la façon de pensée des écrivains et arriver à des pensées complexes en temps normal. C’est en ce sens qu’en 1845, Edgar Allan Poe écrivit alors Le Corbeau sous l’effet de l’opium, idem pour Jean Paul Sartre avec L’Être et le néant en 1935 sous mescaline, ou bien encore Stephen King qui avoue avoir écrit une dizaine d’œuvres sous cocaïne.

 

La drogue est alors un élément important dans la littérature : certains artistes ont pour but de le tester, certains ont pour but de raconter leurs expériences personnelles afin de contrer la censure, et d’autres se laissent aller à ses dérives, persuadés de son efficacité sur l’imagination. 

 

Bien qu’au XIXeme siècle, les drogues étaient vu comme des effets de dieux, aujourd’hui, beaucoup d’artistes nous alertent sur sa dépendance et sa dangerosité. 

 

M.A