Gaspard Gantzer, est professeur à Sciences-Po Paris et HEC. Passé par l'IEP de Paris et par l'ENA, il devient en 2014, le conseiller communication de François Hollande, alors président de la République. Engagé politiquement, il se présente aux municipales de 2020, dans le 6e arrondissement de Paris. Il a accepté, pour Jeunesse Littéraire, de répondre à nos questions.
Tout d’abord quelle définition donneriez-vous à la littérature ?
C’est l’art de l’évasion et de la découverte, celui qui, selon moi, permet de se laisser porter le plus loin dans l’imaginaire.
Quel livre vous a le plus marqué au cours de votre vie ? Pourquoi ?
La Promesse de l’aube de Romain Gary, car c’est autant une ode à la France qu’à l’amour maternel, autant un plaidoyer pour l’engagement qu’une confession.
Des auteurs récents qui vous ont agréablement surpris ?
Amélie Cordonnier, qui sort actuellement son deuxième roman, Un Loup quelque part. Son premier, Trancher, sur la violence verbale, était déjà surprenant par son style et son sujet. Ce deuxième - sur l’histoire d’une mère confrontée à un enfant qui ne ressemble pas à ce qu’elle attendait - est encore plus audacieux et juste, même s’il est aussi glaçant.
Selon-vous, avec quel livre pourrait-on changer le monde ?
Les Racines du ciel de Romain Gary, car c’est un parfait manuel de combat pour la liberté et la préservation de la biodiversité.
La question s’est posée au cinéma avec Polanski, dans la peinture avec Gauguin, et désormais dans la littérature avec Céline ; pensez-vous qu’il faille, aujourd’hui, séparer l’artiste (ici l’écrivain) de ses oeuvres ?
Je pense qu’il faut juger les criminels et les mettre en prison quand ils sont reconnus coupables.
Les écrivains ont-ils encore un rôle à jouer dans le monde actuel ? Si oui, lequel ?
Écrire des livres, c’est la plus belle forme d’engagement. Je n’attends pas des écrivains des prises de parole publiques sur les sujets d’actualité. J’attends d’eux des livres qui nous font rêver ou réfléchir.
Considérez-vous qu’il existe-t-il une limite à la liberté d’expression, ou bien pensez-vous comme Michel Houellebecq qu’ « il n’y en a pas » (interview le Grand Journal en janvier 2015) ?
Bien sur qu’il y en a, elles sont mêmes prévues par la loi. Par exemple, l’antisémitisme ou le racisme ne sont pas des opinions, mais des délits.
Nous commémorions en début d’année, le 60e anniversaire de la mort d’Albert Camus. Si vous l’aviez-en face de vous, que lui diriez-vous ?
J’aimerais lui proposer de jouer au football.
Quelles lectures conseillez-vous à nos lecteurs pour ces jours à venir de confinement ?
Quand on a du temps, c’est peut être l’occasion de lire ou relire Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après ou le Comte de Monte-Cristo.
Pour des livres plus récents, pourquoi pas L’autre qu’on adorait de Catherine Cusset, ou Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé.
Propos recueillis par Nicolas Renaud.