« Big brother is watching you » George Orwell, 1984
Voisine et antonyme de l’utopie, la notion de dystopie provient de l’anglais dystopia, et constitue un aspect de la littérature. Alors, en quoi consiste une dystopie ? Par définition, il s’agit de la description d’une société imaginaire et futuriste qui évolue négativement, jusqu’à en devenir cauchemardesque. Elle devient chaotique pour les membres qui y vivent.
Un exemple réputé de dystopie est 1984 de Georges Orwell, qui modélise une société caractérisée par un régime totalitaire semblable au stalinisme voire au nazisme. Il y règne une atmosphère oppressante avec une surveillance active des pensées de la population, la censure, bien entendu, mais surtout les affiches placardées qui peuvent s’apparenter à de la propagande si leur description s’arrêtait là, mais qui, en vérité visent à faire régner la peur et l’angoisse, par le biais d’une phrase pouvant s’apparenter à une menace implicite : « Big Brother vous regarde » (traduit en français). Cette inscription est d’autant plus effrayante qu’elle semble être écrite de sorte que chaque habitant qui la lise se sente visé et observé personnellement. Cette déduction est plus flagrante en anglais, car le pronom personnel « you » peut signifier à la fois « vous » et « tu », auquel cas l’inquiétante proximité instaurée rend l’affiche d’autant plus dérangeante.
Mais en vérité, la dystopie ne se résume pas à une histoire où l’auteur malmène ses personnages ! A vrai dire, le fait qu’il s’agisse d’un récit fictif a son importance. En effet, elle vise à refléter les déviances de notre société, dans le but d’y remédier et d’améliorer cette société. Bien que techniquement opposées, l’utopie et la dystopie ont au final le même but : l’amélioration du monde, avec pour différence le fait qu’à travers l’utopie l’auteur cherche à proférer des idées d’innovation en vue d’un monde meilleur, tandis que dans le cas de la dystopie, il dénonce les travers du monde actuel. En vérité, l’utopie est une idée, un espoir, tandis que la dystopie constitue un avertissement, une mise en garde.
Qui dit dystopie dit morale implicite, donc engagement de l’auteur. Cette idée de morale est également identifiable du côté des contre-utopies, qui, elles, peignent une société futuriste et fictive supposée parfaite qui tourne mal. L’engagement de l’auteur est de ce fait le principal point commun entre dystopie et contre-utopie. Par ailleurs, toutes deux constituent un type d’apologue. Nota bene : un apologue, synonyme de la fable, constitue un récit fictif visant à instruire par le biais d’une morale. Dans le cas d’une dystopie, l’auteur cherche à dénoncer un travers en l’amplifiant et en prouvant la menace qu’il pourrait représenter dans un futur proche. En bon apologue, la dystopie fait passer un message par le biais d’une histoire imaginaire. Ainsi, le lecteur est invité à réfléchir, ce qui fait la force des morales implicites.
Mais alors, la dystopie est-elle une morale, une histoire, une œuvre, un avertissement, un engagement ? A vrai dire, la dystopie est un peu de tout ça, et c’est cette ambivalence qui la rend unique.
C.B