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" Deviens ce que tu es " - Nietzsche

 

Deviens ce que tu es.

 

Mais que traduit cette drôle de citation que Nietzsche formule dans Ainsi parlait Zarathoustra ? À la lecture d’une telle phrase, nous sommes en premier lieu frappés par un paradoxe. Ce dernier se base principalement sur la conciliation de deux notions que l’on croit incompatibles à savoir : l’être et le devenir. Effectivement, comment concilier d’un côté le mouvement, l’appel à la transformation (via « deviens ») avec l’être et son immobilité (rendu ici présents par « ce que tu es ») ? Si je pense, c’est que je suis (pour reprendre Descartes) et que par conséquent je n’ai pas besoin de devenir ce « moi », étant donné que je le suis déjà ! On en vient donc à remettre en question le succès et le génie de Nietzsche. Ce dernier, est-il réellement un philosophe ? Mérite-t-il la reconnaissance quasi-unanime qu’on lui attribue ?

 

Rassure-toi, non Nietzsche n’est pas un malotru, ni un charlatan. Loin de là. Si Ainsi parlait Zarathoustra a connu et continue, aujourd’hui encore, de connaître un tel succès, c’est avant tout pour la profondeur des questions qu’il soulève. Traitant du nihilisme, à l’amitié en passant par la mort, il s’agit probablement d’un des ouvrages de son temps les plus complets ! Et parmi l’ensemble de ces thématiques traitées, nous allons nous attarder sur celle qui fait référence à notre citation, à savoir cette invitation à sortir de soi.

Or, pourquoi inviter à sortir de soi-même ? Pour Nietzsche, cette invitation suppose que l’on ne pressente, que l’on ne soupçonne pas ce que l’on est. C’est ainsi que se dessine une centaine forme dualité du « soi » ; nous ferions face à un soi apparent qui serait en contradiction avec son soi personnel, plus profond et plus en proie à l’authenticité.

Nonobstant, à quoi fait allusion ce « soi personnel » ? Cela signifierait-il que deux « soi » s’opposent en moi, et qu’en réalité je suis plusieurs en étant à la fois qu’une et même entité ? Effectivement, c’est ce sur quoi Nieztzsche nous arrête. Pour lui, nous ne deviendrons nous-même que lorsque nous aurons cultivé en nous nos particularités, nos goûts.. ce qui forme notre authenticité, notre « soi » !

Ainsi, au delà de nous inciter à devenir nous-même, il nous met en quête de ce que nous sommes réellement. Car en effet, comment devenir soi-même sans se connaître ? La connaissance de soi est nécessaire et essentiel dans cet exercice. Sans elle, nous courrions à notre perte. Existe-t-il cependant une quête plus difficile que cette-dernière ? À vrai dire, non. Cela n’est pas pour autant que cela demeure impossible.

Effectivement, pour survenir à ce besoin, le questionnement intérieur apparait comme une évidence. Il s’agit de chercher en soi, ce qui nous attire ou nous repousse. Comme disait Brel, «passé 16/17 ans, un Homme a eu tout ses rêves. Il les connaît pas, mais ils sont passés en lui. Il sait s’il a envie de brillance, de sécurité ou d’aventures. Il le sait ! Il le sait pas bien, mais il a ressenti le goût des choses comme le goût du chocolat » c’est pourquoi toute femme, tout homme en âge de se questionner, peut parvenir à cette introspection. Une fois cet exercice mené à son terme, il semblerait que nous soyons enfin devenus ce que nous étions. 

 

 

Au delà de ce que nous considérerions aujourd’hui comme un mantra de développement personnel, cette formule est bien plus profonde. Effectivement, indirectement il s’agit-là de chercher le perfectionnement de l’Humanité. Néanmoins, comment changer cet enfer « que sont les autres » comme disait Sartre ? Niezstche t’apporte ici la réponse, deviens ce que tu es.

 

N.R