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La polémique

 

Le mot « polémique » est souvent synonyme de discorde ou de tabou. A vrai dire, il s’agit également d’un registre littéraire, qui n’est pas éloigné de son sens premier. Mais, premièrement, analysons son origine étymologique : le mot « polémique » est issu du grec « polemos », qui désigne le combat, la guerre. Cette étymologie justifie le sens actuel de ce mot en littérature, à savoir la provocation, ce qui peut donner lieu à des débats. La polémique, en littérature, c’est le fait d’attaquer.

Un cas réputé de polémique est celui de « J’accuse », la lettre ouverte d’Emile Zola au sujet de l’affaire Dreyfus, datant de 1898 et adressée au Président de la République de l’époque. Par ailleurs, nous avons déjà rédigé un article sur ce sujet que nous vous invitons à lire. Cependant, il existe bien d’autres événements semblables à ce dernier.

 

 Dans certains cas, la polémique se manifeste sous la forme d’un pamphlet, c’est-à-dire un texte plutôt virulent, jalonné de reproches et généralement adressé à une personne en particulier. L’auteur cherche ainsi à dénoncer ou bien à contester un pouvoir, par le biais de la caricature, par exemple. Il a parfois recours à des arguments ad hominem, c’est-à-dire une attaque directe à la personne adverse.

 

La mention de contestation permet de faire la transition avec une adversaire du registre polémique : la censure. En effet, il y a eu, au cours de l’Histoire, de nombreuses périodes où la censure sévit en France, notamment parce que les auteurs étaient considérés comme révolutionnaires : critique explicite ou implicite du régime politique, caricature de la ou des personnes au pouvoir, ou prolifération d’idées témoignant d’un courant différent de celui du régime politique en vigueur…

 

La critique que peut exprimer le registre polémique peut se rapprocher de la satire, notamment lorsqu’il s’agit de caricature. Autrement dit, il ne serait pas faux de dire que le registre satirique est une branche du registre polémique. Par ailleurs, un certain genre littéraire peut, dans certains cas, s’apparenter à de la polémique : en effet, il s’agit du théâtre. Un exemple plutôt démonstratif est celui de Beaumarchais, auteur du  Mariage de Figaro  et du  Barbier de Séville  notamment, qui, comme bien d’autres auteurs de son époque, dut faire face à la censure, et se trouvait être un homme avec beaucoup de répartie, en capacité de transformer chacune de ses interventions en une véritable scène de théâtre. Pas étonnant que le dramaturge se soit inspiré de sa personne pour créer son personnage, Figaro ! Beaumarchais proférait, à travers ses pièces de théâtre, des messages souvent satiriques, critiquant certains aspects de la société de son époque. 

 

Le siècle des Lumières n’est pas en reste. En effet, au XVIII ème siècle, les philosophes des Lumières, tels que Voltaire, Rousseau, Diderot et bien d’autres, ont diffusé des écrits témoignant d’une aspiration à de nombreuses innovations dans la société de l’époque. Prônant l’égalité des droits et fervents défenseurs du progrès scientifique, ces auteurs étaient bel et bien catégorisés comme étant révolutionnaires. Révolutionnaire et polémique sont deux adjectifs qui, au cours de l’Histoire et ici dans le monde littéraire, ont souvent été associés voire confondus. En effet, la polémique en littérature, c’est contester, donner son avis et le rendre public même s’il va à l’encontre des principes du régime politique en vigueur. Être révolutionnaire signifie penser proférer des idées contraires à celles d’un régime ou de la majorité d’une population, reposant souvent sur des principes nouveaux. Quelque chose de polémique est associé à quelque chose traitant d’un sujet sensible qui peut potentiellement entraîner des conflits, ou bien, définition spécifique à la littérature, un écrit où un auteur en mentionne un autre, dans le cadre d’un débat, ou plus communément une attaque. C’est pourquoi le terme « polémique » est assez ambivalent et son sens influencé par des adjectifs tels que « révolutionnaire », bien que ces deux mots ne soient pas liés en toutes circonstances. En littérature, la distinction entre les deux est évidente. 

 

 

 

 C.B